Final Fantasy XV: Le test qui fait mal

Mis en avant pour ses graphismes incroyables, ses personnages aux cheveux toujours impeccables et aux coupes improbables, le Final Fantasy tant attendu est enfin là, tient-il ses promesses ? La réponse risque d’être contrastée tant on bascule en permanence du grandiose à l’impardonnable…

L’open-World

Premier Final Fantasy open-world, le 15eme du nom se voulait une petite révolution. Ne le cachons pas, le pari est réussi sur ce point. La map est immense et regorge de choses à faire : quêtes secondaires, donjons, chasse aux armes légendaires, contrat de chasses ect… Le seul défaut étant que le contenu secondaire est le plus souvent une répétition de taches pas franchement intéressantes : tuer x monstres, ramasser des grenouilles (les vertes, les bleu, les rouges…), prendre une photo pour quelqu’un… On est loin des mini scénario des quêtes annexes ou contrats de Witcher 3… A sa décharge, les quêtes secondaires des Final Fantasy ont toujours été un peu de ce type mais on aurait apprécié un peu d’amélioration sur ce point.

L’univers

L’univers quant à lui déroute. C’est sûrement le moins « fantasy » des FF. Le monde est très contemporain au notre, les villes, npc et véhicules étant tout à fait commun. Seul quelques personnages ont un look plus « fantasy » et bien sur les ennemis pour le coup carrément démoniaques ou au look médiéval. La nation des « méchants » étant aussi plus avancée technologiquement, il y a quelques ajout SF, comme des aéronefs ou des méchas.

Ce qui surprend le plus dans l’ambiance, du moins au début du jeu, c’est cette impression de grosse virée entre potes à faire du camping, de la pêche ou à prendre des photos de groupes. On a plus l’impression d’être en vacances que d’être le dernier espoir d’un monde en proie au chaos. Mais comme je le disais, ce n’est déroutant qu’au début, car finalement cette joyeuse petite bande est ben sympa. Les petites répliques et interactions constantes entre les 4 protagonistes donnent une vraie personnalité aux personnages, auxquels on s’attache vraiment. Vers la moitié du jeu, l’ambiance et le scénario s’assombrissent peu à peu, jusqu’à devenir franchement sombres. Et là on retrouve la magie Final Fantasy, on est embarqué par l’histoire et les sentiments des personnages. Même si le scénario manque parfois un peu de détails et de précisions.

La contrepartie de cette mise sous pression scénaristique signe malheureusement la fin de l’open-world, du moins en partie. Aux alentours du chapitre 10, l’histoire s’emballe et s’accélère. Ce qui est une bonne chose mais pour des raisons scénaristiques (mais aussi des contraintes de temps de développement à priori) le jeu devient plus linéaire, on suit un chemin où le choix n’a plus sa place et où le retour en arrière n’est plus possible. Vers la fin du jeu vous pourrez malgré tout revenir explorer l’open-world en parlant au chien « Umbra », via un menu, à chaque endroit où il est possible de dormir. Vous pouvez donc mettre en pause votre progression scénaristique en vous téléportant « dans le passé» et donc explorer à volonté l’open-world, faire le plein de potions, d’argent ou monter en level. A noter également, contrairement à ce que j’ai lu sur de nombreux forums, que vous pouvez revenir dans l’open-world après avoir fini le jeu pour explorer et faire toutes les quêtes que vous aviez manquées. D’ailleurs une bonne portion du contenu ouvert est largement destinée à des personnages level 50 et sachant que le scénario s’emballe vers le niveau 25 pour se finir vers le niveau 35 il était logique de pouvoir continuer à profiter de la map à la fin de l’histoire… Pour les plus fans, notez la présence d’un « New game + » après avoir fini l’histoire principale 😉

Contrairement à d’autres tests qui ont fustigé cette accélération sur rail du scénario, j’ai pour ma part apprécié. J’ai enfin retrouvé les sensations d’un bon vrai FF. Je regrette juste que l’histoire n’est pas été plus longue, avec plus de développement sur certains personnages secondaires.

Graphismes

Parlons des graphismes et attaquons par la même occasion les choses qui fâchent. Une grosse communication a été faite autour des graphismes du jeu, avec ses superbes personnages aux cheveux plus vrais que nature. Alors oui les personnages et npc principaux, les monstres et la Régalia (c’est le nom de la voiture) sont à tomber par terre. Mais alors ne regardez pas tout au loin, les collines ou bâtiments et encore moins certaines textures de près…

J’en fais la démonstration dans ma vidéo test. Le décalage graphique entre vos personnages ou la voiture et certains éléments du décor accentuent encore cette impression. Lors de ma première partie je me suis même demandé si j’avais bien réglé le jeu ou les paramètres graphiques de la console. Et pourtant j’étais bien en 4k et dans le mode de graphisme amélioré (je ne vous dis pas ce que ça donne sur Xbox One… enfin si, je prépare une vidéo la dessus :p). Quand on voit à quelle point le jeu met la barre haute sur les effets de lumière ou les effets spéciaux en combat, quand on voit le réalisme de la bouffe ou encore certaines cinématiques de toute beauté, faites avec le moteur du jeu, on ne peut pas comprendre et encore moins pardonner ces textures crados sur certains éléments du décor…

Gameplay

Le gameplay est sûrement l’élément qui déçoit et énerve le plus. Si le concept d’invocation des armes est franchement sympa on ne peut pas en dire autant de la jouabilité à cause de 2 défauts majeurs :
-Premièrement la lisibilité de l’action est très mauvaise, les combats fourmillent d’effets, d’ennemies et de vos compagnons qui font ce qu’ils veulent en combat. Quand on regarde, c’est joli c’est vrai mais le décryptage de l’action, voir qui fait quoi, est franchement un défi. Dans un jeu où tout repose sur l’esquive et la contre-attaque cela pose problème, surtout quand on prend facilement des grosses claques qui vous one-shot, du coup c’est le festival à la potion… Bien souvent on ne sait même pas qui vous touche… Faites le plein de popo, c’est encore le moyen le plus efficace pour s’en sortir. Et cela est aggravé par le 2éme gros défaut…

-La caméra folle ! Tout est dit, on est là au summum de ce qui se fait de pire en terme de caméra. En extérieur passe encore grâce au faible nombre d’obstacles, mais en donjon ou dans les bâtiments c’est la catastrophe. Parfois vous ne verrez même plus votre personnage ou votre adversaire, la caméra coincée dans un coin et vous avec… Franchement rageant…

Mais la liste des défauts ne s’arrête pas là, même si les autres sont moins rédhibitoires. Citons par exemple l’usage de la magie anecdotique, les téléportations pour régen sa mana et sa vie pénibles à cibler et qui cassent le rythme, courir après ses camarades pour les relever en permanence, les invocations disponibles tardivement dans le jeu et qui se déclenchent quand elles veulent et en général quand l’ennemi est presque mort, une pause active qui ne permet pas la rotation de la camera (vous ne pouvez cibler que les ennemis devant vous)… Bref la liste est longue. Et tout cela est d’autant plus navrant qu’avec quelques réglages le résultat aurait pu être génial. Malheureusement les combats sont bordeliques…

Pour en terminer sur les éléments de gameplay pénibles, parlons des voyages en voiture. La Régalia ne peut pas être conduite manuellement comme dans GTA par exemple. Vous choisissez de tourner à gauche ou à droite, comme si vous étiez sur des rails. Mais le problème n’est pas là car la voiture est une sorte de transport automatisé, c’est aussi elle qui permet de se téléporter vers une destination de la carte. Le problème est que le mécanisme qui régi si vous pouvez vous téléporter instantanément quelque part est des plus obscure. Parfois vous pouvez le faire et d’autre fois non, ce qui vous contraint de vous rendre sur place en pilote automatique et de devoir patienter parfois jusqu’à 10 minutes le temps que la voiture arrive. 10 minutes de temps réel où vous n’avez absolument rien à faire à part observer le décor… A noter que les Chocobos sont un moyen de transport libre (disponible à la fin du 1er tiers du jeu) mais moins rapide que la voiture et donc utile seulement pour des distances moyennes et pour explorer les zones où la voiture ne peut pas aller.

L’audio

Parlons enfin de quelque chose de positif ! Les musiques sont superbes, certains morceaux plus que d’autres évidemment, mais il y a clairement quelques pistes absolument épiques qui resteront à mon avis dans les annales (notamment vers la fin du jeu) ! On passera malgré tout sur les ambiances un peu latino, qui à mon sens s’insèrent mal dans l’univers FF (mais on va dire que c’est subjectif…) et la musique de fond à dos de Chocobo un peu agaçante lors de longues chevauchées.
Petit détail sympa, la compilation complète de toutes les musiques des différents Final Fantasy est écoutable lorsque vous conduisez la Régalia ! Certains CD étant à acheter chez des marchands !

Pour terminer, il est important de parler du doublage Français d’une qualité rarement vue dans un jeu vidéo. Les voix japonaises sont disponibles, ce qui est une bonne chose, mais franchement ne passez pas à côté de ce doublage de très grande qualité qui donne vraiment vie aux personnages, d’autant que vos compagnons sont constamment en train de balancer des petites phrases…

Conclusion

Un test éprouvant psychologiquement, tant on est constamment ballotté entre le très bon et le très mauvais. Il faut dire que les attentes étaient énormes, la faute encore une fois à une promo qui n’avait clairement pas les moyens de ses ambitions. Malgré tous ses défauts, quelque chose se dégage de ce jeu qui ne laisse pas indifférent. La personnalité de vos compagnons et le doublage français de qualité y sont pour beaucoup. On a envie d’aller au bout pour voir où nous mène l’histoire et l’on revient avec plaisir dans cet open-world pour voir et débloquer toutes les petites choses dont il regorge. Même s’il est le moins ‘Fantasy’ des Final Fantasy, si vous aimez la série ou plus largement les J-Rpg et les open-world, vous passerez un bon moment malgré une réalisation très inégale.